Concert du 10 février 2023

Concert avec le Choeur Philharmonique de Marseille et l’Orchestre de chambre de Marseille

Solistes: Elèves du Conservatoire « Pierre Barbizet de Marseille » des classes de Chant Lyrique
de Mesdames VERNET et DAMONTE ainsi que de la classe de Choeur Lyrique de Monsieur JACQUET.
Margot Auriol, Damien Barra Loïc Basille Géraldine Benzi de Verdal, William Emagnetik, Bayokolak, Maurel Endong Kouosseu, Nicole Franco-Ralon, Tristan Juncy, Tamara Kakabadze, Hassan Memmou, Salma Omri, Jean-Claude Onana Asse, Roman Panzer, Manon Pizzichemi, Katherymne Serrano et Laura Willot.

Direction: Jean-Emmanuel Jacquet

Programme: Requiem et Coeli Enarrant de Saint Saëns

Coeli Enarrant Psaume XVIII op.42

« Coeli enarrant gloriam Dei »
(Le ciel raconte la gloire de son Créateur).

Cette partition datée de 1865 a été composée au début du mois de décembre, pour la messe de minuit de l’église de la Madeleine à Paris, dont l’orgue eut pour titulaire Saint-Saëns de 1857 à 1877. Un psaume de caractère imposant où Saint-Saëns manifeste une grande science de l’écriture chorale pure et rigoureuse, d’un classicisme qui semble nourri de Bach, et annonce Fauré.
L’oeuvre est une mise en musique du psaume 18(19), incitant à méditer un peu longuement sur son destin. La gloire de Dieu dans les cieux et dans sa parole. Ce psaume semble avoir été inspiré par un beau lever de soleil. La lumière inaccessible au sein de laquelle Dieu habite se reflète dans deux domaines : les cieux visibles, que le soleil remplit de sa clarté et la parole révélée, lumière du monde moral. Dans un chant d’une étonnante brièveté pour un aussi vaste sujet le psalmiste célèbre les splendeurs de cette double révélation. Il se divise nettement en deux parties, versets 2 à 7 et versets 8 à 15. La première célèbre la gloire du Dieu créateur ; la seconde parle de la loi, où se révèle Dieu qui entre directement en relation avec l’homme pour l’éclairer et le sauver. Comme pour toutes ses oeuvres composées pour être jouées à la Madeleine, Saint-Saëns a dû relever un défi : plaire à une congrégation qui percevait souvent sa musique comme trop austère, tout en écrivant dans un style sérieux et traditionnel approprié pour l’occasion. Le résultat est une pièce magnifique dans laquelle le compositeur manie les couleurs orchestrales,
la technique contrapuntique et l’équilibre entre l’orchestre et les parties vocales avec un talent exceptionnel. L’oeuvre réunit neuf solistes (soprano, mezzo-soprano, contralto, ténor, quatre barytons et basse) et un choeur à quatre voix. Saint-Saëns a divisé le texte du psaume en dix numéros musicaux, chacun étant réglé sur une combinaison différente de voix et d’instruments.
L’oeuvre s’ouvre sur un majestueux allegro ma non troppo pour choeur entier et orchestre sur les mots « Coeli enarrant gloriam Dei » (Le ciel raconte la gloire de son Créateur). Avant l’entrée des voix, Saint-Saëns commence en do majeur par une phrase caractéristique des violons, qui imprègne ce choeur d’ouverture. Chant de louange aux créations de Dieu, le caractère glorieux de ce choeur donne le ton du psaume, qui loue la perfection des lois de Dieu dans un esprit de crainte et de contemplation.

Messe de Requiem op.54

Pour célébrer le centenaire de la mort du prolifique Camille Saint-Saëns (1835-1921, plus de 600 oeuvres), son Requiem, fervent et recueilli, apparaît comme un passage obligé. La composition du Requiem se situe à un moment-clef de la carrière et de la vie de Saint-Saëns. En 1877, le musicien a démissionné de son poste d’organiste à l’église de la Madeleine, qu’il occupait depuis près de vingt ans. Son ami Albert Libon lui lègue par testament une forte somme « destinée à le soustraire à la servitude de l’orgue de la Madeleine et à lui permettre de se consacrer exclusivement à la composition musicale ». La même année voit la création de son opéra Samson et Dalila à Weimar, grâce à son ami Franz Liszt, mais Saint-Saëns n’oublie pas le désir qu’a exprimé son bienfaiteur de le voir composer à sa mémoire une Messe de Requiem. Il se met à l’oeuvre au printemps 1878, et se passionne pour ce travail au point de le mener à bien en moins de dix jours, dans la tranquillité d’un hôtel de Berne (Suisse). La première
audition en est donnée en l’église Saint-Sulpice à Paris le 22 mai 1878, tout juste un an après le décès de Libon. Tragique coïncidence, le compositeur aura peu après le malheur de perdre ses deux très jeunes fils à quelques semaines d’intervalle. Bien qu’incroyant, Saint-Saëns reconnaissait au catholicisme une « puissante séduction », un « charme dont ceux qui n’ont pas été élevés dans cette belle religion ne peuvent se faire une idée ». Pour pallier son manque de foi, il confia un jour se mettre volontairement, lorsqu’il écrivait de la musique religieuse, dans « cet état de religiosité vague dans lequel vivent la plupart des fidèles », ce qui lui permettait « de l’écrire en toute sincérité ».
Ayant beaucoup composé pour l’Église, il se fait une haute idée de l’art religieux, estimant que celui-ci « ne saurait se proposer pour but de plaire ou d’étonner » : « Il lui faut d’abord enlever l’auditeur ou le spectateur à la terre, lui faire oublier le “monde” et, avec lui, l’auteur de l’oeuvre, qui en fait partie. » Sa Messe de Requiem témoigne éloquemment de cette conviction.
L’oeuvre s’inscrit dans une tradition de requiem romantiques français qui va de Cherubini à Gounod en passant par Berlioz. Comme le Requiem de son élève et ami Gabriel Fauré, la Messe de Requiem de Saint-Saëns est une oeuvre aux dimensions intimes, la plus fervente et la plus recueillie de toutes ses oeuvres religieuses, il opte pour une approche plus paisible et résignée de la mort. Mais l’émotion provient surtout du caractère obsessionnel de maintes figures mélodiques et formules d’accompagnement. Le compositeur atteint dans ces pages à un pathétique quasi verdien.

 

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